United States of Michael.
Les imitateurs, ça fait rire quand on est petit. Plutôt ceux capables de prendre des accents pour construire des personnages, d'ailleurs - de grands acteurs. Les Guignols, Laurent Gerra, Sandrine Alexi, ça n'impressionne plus beaucoup, sinon côté maîtrise, les artistes ont l'air un peu gras, un peu bêtes, faisant dans la facilité.
Puis, un soir de décembre '14, il a eu Michael Gregorio sur la scène de l'Olympia. Et là... pfiou.
Alors c'est quoi, ce Michaël Grégorio en concerts ? C'est de la musique. Parce que quand même, faut avouer, c'est un concert de bout en bout. Un groupe sur scène, un leader, des lumières fofolles, et une ribambelle de tubes, ça danse, ça chante, ça met ses baskets, chouette, c'est sympa tu verras.
Le spectacle est complet. Le jeune Michaël ne se contente pas d'imiter de grands artistes connus - ce qu'il fait à merveille, la plupart du temps - ou de singer leurs attitudes, vidéo à l'appui : il pousse le bluff jusqu'à mêler les artistes, croisant les modes d'interprétation, les esthétiques, les genres. Avec brio : Dave Punk (mix des tubes de Dave à la sauce Daft Punk), Brel chantant le Papaoutai de Stromae, Téléphone repris par les BB Brunes... A l'oreille, c'est sidérant de justesse, étonnant, et montre que le garçon est mélomane, cultivé et inventif... autant que bien entouré.
Musicalement, donc, l'imitation tient la route, et se veut grand public : variétés françaises et internationales, Amsterdam en entier, du Michael Jackson, du U2, Diego en version Berger ET Hallyday intelligemment mêlés, Cabrel et Shakira alternés sur un même titre, du jazz (Armstrong, Holiday, Charles), de l'opéra, de l'électro, du rock... Tout le monde y trouve son compte, ce qui fait le succès de l'ensemble. Le garçon chiade ses imitations qui rendent un bel hommage aux interprètes originaux, loin des pitreries de ses congénères. Il épate, poussant son art à imiter à s'y méprendre le son d'une guitare électrique. Si si.
Et, bien entendu, il reste proche de son public en l'encourageant à chanter avec lui quelques titres, façon karaoké... mais avec malice.
Pourquoi ? Parce qu'au delà de la musique, le spectacle fait aussi place belle à l'humour. Il taille un costard à quelques caricatures (les BB Brunes, Mylène Farmer,...), pose quelques questions décalées ("Vanina aurait-elle aussi bien marché si Dave avait assumé ses préférences, à l'époque, et appelé sa chanson Vanino ?"), joue de la corde sensible autant que de la comique, et intègre quelques blagounettes et autres jeux de scène qui désarçonnent avec finesse (l'homoérotisme avec sa bombasse de guitariste est en cela hilarant).
Alors, au final ?
Musical, drôle, à l'américaine, joueur, participatif, mélomane, touche-à-tout, référencé, décalé, irrévérencieux, performatif : Michael Grégorio prouve que l'on peut être populaire et exigeant, passer chez Drucker et faire bander Télérama.
Et c'est pas banal.
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