De l'indignité en amour.
Il y a l'amour simple. Celui qu'on revendique parce que je-t'aime-et-tu-m'aimes, et que l'on abat parce que l'on ne s'aime plus. L'amour clairvoyant, qui ne s'embarasse de rien. Et il y a les amours compliquées. Celles dont on se sent obligé de parler au pluriel parce qu'il n'y a pas que cela, celles où l'amour ne suffit pas à entretenir l'histoire, celles où l'on se déchire, où l'on se détruit, soi comme l'autre, par amour. Je les connais bien, je suis client régulier. Ces amours-là sont plus banales qu'on ne le croit. Elles sont sinueuses, habitées par quelque chose de passionné qui meut et émeut, qui fait tout disparaître, qui consume tout sur l'autel de l'Alter ; habitées mais tout autant (si ce n'est plus) habillées par tout un fatras d'émotions et de principes indépendants qui l'empêchent de s'exprimer avec aisance et simplicité. Dire "Je t'aime" est toujours accompagné de "mais". "Je t'aime mais je ne te mérite pas" ou "Je t'aime mais tu me salis". Les histoires d'amours compliquées sont légions dans la littérature romantique du XIXe siècle - et dans les films qui s'en inspirent. Ce qui fit dire à Musset que la dépression romantique était, sans aucun doute, le mal du siècle (le sien, pas le nôtre).