L'oeil plasticien.
Le moins de l'expo :
Helmut Newton (né Neustädter) a fait ses armes en Allemagne, bossé en Australie de 1940 à 1957, tourné un peu en Europe avant de s'installer à Paris en 1961 et de mourir à Los
Angeles en 2004. Helmut, ce n'est pas qu'un photographe-génial-vraiment-j'adore (parisian style), non : c'est aussi un de ceux dont le regard a créé le regard collectif. Un de ceux dont les
oeuvres sont entrées dans le référentiel commun de toute une partie de la planète. Devenu incontournable grâce à ses clichés pour Vogue (GB, Australie, France), Newton a
développé un univers centré sur la femme selon plusieurs approches (souvent mêlées) : iconique, sociale, fétichiste, sexuelle, stylisée, plastique. Le femme, chez Newton, est puissante,
volontaire, intimidante. Elle domine et impose le sens de la lecture de l'image. Nue ou habillée (notamment des créations d'Yves Saint-Laurent, auxquelles Newton sut donner un
impact plus grand encore, via Elle), la femme est célébrée, reconnue comme maîtresse, montée sur un piédestal quasi-politique, icônisée. jamais complètement glaciale, elle manque
pourtant singulièrement d'émotions, sans doute par crainte d'en devenir fragile. Etrange.
Le Grand Palais lui dédie une rétrospective, dirigée par son épouse June Newton - elle-même photographe, grâce à
Helmut -, ce qui devrait, en principe, être au plus près du regard de l'artiste. C'est jusqu'au 17 juin 2012. Je te recommande aussi la lecture de ce très bon interview mené par Le Monde de trois de ses modèles français :
Jean-Marie Le Pen, Catherine Deneuve et Isabelle Huppert. Mais reviendons à l'expo.
Le plus de l'expo :
Des citations, des clichés connus, des séries emblématiques, des clichés plus rares ou décalés, de quoi comprendre la démarche et la façon dont Newton a perçu le monde, la femme et la mode.
Le moins de l'expo :
Pas d'explications, beaucoup d'oeuvres, et le sentiment étrange, à la fin de la première salle, d'avoir fait le tour, déjà, de l'imagerie Newton. Se réjouir à la vue de quelques clichés bourrés
d'humour (merci Pina Bausch !), et sortir un peu déçu.
Faut dire qu'en même temps, je préfère Jean-Paul Goude.