Perdre les os.
Je ne me suis jamais rien cassé. J'en ai pourtant testé, des acrobaties. Des grands écarts, des petits phénomènes gymnastiques, des défis de gamin. J'ai marché sur l'eau, sur la glace, dans la boue, dans les arbres. Rien, pas même le petit doigt. Une chance inouïe, une agilité stupéfiante ou une résistance à toute épreuve ? Sans doute un peu des trois.
Quelque chose me terrorise dans l'idée d'un os cassé. L'invalidité. L'incapacité. L'inquiétude de la séquelle. Devant De rouille et d'os, je sommatisais le handicap de Stéphanie/Marion. Et si je ne pouvais plus danser ? Momentanément. Ou à jamais ? Je ne peux pas. Je n'arrive pas à l'imaginer. La béquille comme soudain prolongement de soi... et comme marqueur de la limite physique. Comme symbole de ce qui ne va plus. Rigide. Métallique. Etranger. Et qui communiquerait son état au corps qu'elle entend compléter. Brrr.