L'Amour est mort.
En 1997, Frédéric Beigbeder publiait L'amour dure trois ans chez Grasset. Un roman sur un type désabusé qui, après son divorce, est suffisamment désespéré pour écrire un roman cynique et prétentieux sur l'amour, retomber amoureux, voir son bouquin devenir un best seller, perdre la fille qu'il aime quand elle réalise qu'il est l'auteur du torchon puéril que tout le monde s'arrache, chercher à la reconquérir... Bref, L'amour dure trois ans est un roman sur un type banal pris à son propre piège, amoureux. Une sorte de Valmont sans les bonnes manières. Sans le beau verbe non plus. Ni les conquêtes classieuses. En 1997, c'était très dans l'air du temps, très apprécié, même, ça se vautrait dans le sillon fertile d'un talentueux Bret Easton Ellis. Ca collait vraiment avec l'ère de la destruction des valeurs de papa. Aujourd'hui, alors qu'on cherche à se reconstruire une nouvelle identité, le roman passerait inaperçu. Et bien figure-toi que Beigbeder a décidé de le ressuciter en l'adaptant lui-même au cinéma. Bande-annonce.
1. Les répliques désopilantes
Admettons-le : le cynisme, le sarcasme, la réplique du tac au tac, l'autodérision jusque dans les détails de l'image, c'est quand même hilarant.
2. Le charme de Louise Bourgoin
Ce regard langoureux, ce sourire lumineux, cette peau laiteuse, ce sein rebondi, cette hanche... Hum.
3. Un Joey Starr magistral
Voilà un Starr dans l'interprétation, sortant de ce qu'il a toujours montré. Et engagé, même, un peu.
4. Un bon rythme
Des rebondissements, il y en a dans tous les sens, c'est inventif. (Mais rien de génial non plus, hein.)
5. La réflexion en filigrane
Ce qui est intéressant, dans tout ça, c'est le malaise d'une génération devant l'amour et l'engagement. L'Amour est-il mort ? Peut-être bien, mais pas l'amour. Et c'est peut-être bien ce qui compte.
5 BONNES RAISONS DE LE FUIR
1. Les clichés de la comédie française
Pour faire rire, il faut des clichés, c'est vrai. Pour faire une bonne comédie, il ne faut pas faire un film cliché contenant des clichés. Ca fait trop.
2. Le casting du copinage
Pour être sûr de faire rire, prenons des comiques : Frédérique Bel, Jonathan Lambert, Gaspard Proust, Valérie Lemercier et Nicolas Bedos. Si possible, prenons-en plein qui critique par le sarcasme (Proust, Bedos) et rajoutons des comiques de situation (Bel, Lambert). Ne manquaient que Fred Testot et Eric Judor pour parachever le paysage Canal +.
3. Une réalisation sans envergure
Attends sagement un an : sans parti pris esthétique ni ambition cinématographique, ce film est un téléfilm.
4. Le scénario est téléphoné
Quand on connaît le personnage Beigbeder, on sait à quoi vont ressembler les excès, les moments de vérité, la happy end, les pointes d'humour,... Ben, ça n'a pas manqué : tout y est.
5. L'interprétation bancale, sans prise de risque
Outre Joey Starr et Anny Duperey (et encore), tous les acteurs minaudent. Le jeu est faux parce que trop proche de leurs personnalités publiques. Rasoir.