Conciliation
La transdisciplinarité des artistes n'est pas une nouveauté : Michel Ange était peintre, sculpteur, architecte, poète, urbaniste... mais le talent étant le dénominateur commun nécessaire à l'acceptation de la porosité des carrières artistiques, on pardonnera plus facilement à JoeyStarr de passer des studios aux planches qu'à Kev Adams d'être passé de l'humour au cinéma.
Les danseurs ont souvent le complexe du verbe. Parler de danse oui ; raconter leur histoire par les mots, plus compliqué. Et les auteurs, planqués derrière leur ordinateur, pourrait-on leur faire raconter une histoire par le geste ?
Par le dispositif Concordanse créé en 2007, les deux populations sont invitées, sans se connaître, à dialoguer. Et à produire une courte pièce, qui trahisse leur relation. De Marie Desplechins à Lionel Hoche, de Mathieu Riboulet à Béatrice Massin, les grands noms des lettres et des gestes de France se sont mêlés en studio et au plateau, pour des résultats aussi variés que les personnalités qui les insufflent.
Cette saison (11e édition), je retiendrai surtout l'excellente proposition du duo Pierre Ducrozet - à la bio très X gen - + Maud Le Pladec - à la bio très working girl. En savoir plus.
"Je suis un danseur du samedi soir. Pire : du dimanche matin."
C'est lui qui initie le mouvement. Petit, répétitif, gagné par une petite rythmique. Elle le suit. Ils parlent. Se racontent, leur rapport au corps, au geste, au mot. Il se sent esprit, mal connecté au réel par un corps qu'il ne comprend pas bien. Elle se rappelle de tous les mots qui ont influencé sa danse : les parents, les professeurs, les chorégraphes. L'un à côté de l'autre, dans un parallélisme, puis une opposition, une compétition. Ensemble, ils s'invectivent, se saississent, jouent, dansent. Et ça marche.
Et c'est beau.
Ca donne envie de lire. Et de danser.