SHAKE IT OFF.
Tu le savais, toi, que le 29 avril est la journée internationale de la Danse ? Non ? Et bien si. Le Comité International de la Danse (CID, membre de l'UNESCO) a choisi cette date en 1982 (la même année que la première Fête de la Musique) en référence à Jean-Georges Noverre, inventeur du ballet moderne, né le 29 avril... 1727.
Contrairement à la fête de la musique, la fête de la Danse n'a jamais pris. Elle ne bénéficie d'aucun soutien national - le Ministère ne l'a jamais prise en charge - et les initiatives locales, pourtant nombreuses, sont peu relayées. Certaines structures se font même leur petite fête dans leur coin, sans respecter la date officielle. La plus ambitieuse récemment était à Paris sous la houlette de Blanca Li, et a duré 3 jours en septembre 2011, jamais reconduite depuis. De même, l'ambitieuse Fête de la Danse suisse est une initiative individuelle, et a lieu sur 3 jours en mai (édition 2017).
Pourtant la danse est le premier des arts : avant même d'apprendre à faire de la musique en créant un rythme en tapant sur des bambous (et c'était n°1), l'Homme a dansé pour se galvaniser. Restée incontournable de toute fête, la danse est à la fois preuve de bonne santé et matière à séduction, mais aussi symbole de maîtrise de soi et support d'expression. Quelle que soit sa forme, du madison de fin de soirée au hip hop des places publiques en passant par le ballet classique ou le feutré des cabarets, la danse est un moment de plaisir, comme nous le montrait avec humour la mondalisée Taylor Swift.
Une fête de la Danse qui serait comme une fête de la musique : un lieu où chacun, même amateur médiocre, pourrait danser un peu partout dans la ville ? C'est possible. Ouvrir les places, les halls, les salles de danse, proposer des cours collectifs publics, des spectacles, des flashmobs, des pièces amateurs ? Oui, c'est envisageable. Donner envie aux gens de sortir du confort et de vaincre la fatigue (ou l'inhabitude) physique ? Voilà où cela va pécher.
Car peu de gens aiment danser en public. En soirée, en club, en famille ou entre amis, on s'y risque, c'est vrai. Mais au delà ? Si Danse avec les stars a redonné ses lettres de noblesse à la danse de salon, qui n'avait eu comme grand promoteur récent pour la sortir de sa ringardise relative que le génial Murder on the dancefloor (et encore, ça ne danse pas tant que ça).
Le clip vidéo est aujourd'hui le principal mode de consommation de la danse, et les artistes s'en donnent à cœur joie pour créer des chorégraphies à reprendre, de la Macarena à Single ladies ; mais aussi pour créer de vraies pépites dansées écrites par un-e chorégraphe, de la danse sur le lit de Shakira (Did it again) à la danse sur l'eau de Loic Nottet (Million eyes), de l'épure de Christine and the Queens (Saint Claude) à la complexité de Sia (Cheap Thrills), (et je ne prends là que de récents exemples. L'exercice de style charme, évidemment, mais il met aussi la pression : l'excuse principale des gens pour ne pas se lancer sur le dancefloor (dans le noir) ou simplement en public est qu'ils ne savent pas danser.
Comme si, pour faire la fête, il fallait avoir la technique de Pietragalla. Allons, lancez-vous : le prochain 29 avril, dansez !