She's got it.
La vanité, c'est ce sentiment de satisfaction de soi-même, un peu complaisante, très condescendante. Mais la vanité, c'est aussi la vacuité, le ridicule de cette satisfaction face à l'impermanence de la vie, face à l'éternité qui ne se rappellera que de la grandeur. Vanité de la quête de la richesse, du pouvoir, du savoir, du plaisir - qui mène à la crise existentielle. Les peintres ont été les meilleurs artisans de la circulation de cette réflexion à partir de XVIIe siècle.
La littérature puis le cinéma se sont faits d'excellents véhicules de ces images archétypales. Et la chanson - le format idéal pour en dire pas assez sur un sujet - est devenue le royaume de la discipline. Petit tour d'horizon avec un personnage parmi tant d'autres : la femme vénale.
Faust, Charles Gounod, 1859 (production 2011)
Gentlemen prefer blondes, Howard Hawkes, 1953.
Candide, Leonard Bernstein, 1956 (production 2010).
Chicago, Rob Marshall, 2002 (d'après le musical de Bob Fosse & Fred Ebb, 1975)
Money, money, money, ABBA, 1976.
Material Girl, Madonna, 1984.
ALERTE SEXISME !
Alors, oui et non. Oui parce qu'il s'agit bien de représentations spécifiquement à charge contre un sexe. Non parce qu'il ne s'agit que de représentations, pas de toute la réalité. Oui parce que ça réduit la réalité à des représentations. Non parce que ce n'est que de l'art - la réalité par un petit bout de la lorgnette. Oui parce que c'est récurrent, donc dommageable sur le long terme. Non parce que si tu éduques bien chaque génération, les clichés finissent par devenir de simples sujets de plaisanterie. Oui parce que de toute façon, c'est mal de ne dénoncer qu'un sexe, sur ce sujet. Bon, alors oui, un peu.
Nous remarquerons, dans les exemples choisis, que toutes ces représentations sont signées par des hommes. Des hommes blancs, qui vivent dans un système capitaliste (où l'argent est le signe et le moyen d'accomplissement) qui exclut les femmes. De là, faisons une nuance entre :
- les femmes d'ABBA - qui work all night et work all day to pay the bills qu'elles have to pay, donc qui n'attendent pas que ça se passe, en viennent à se dire que la société ne leur permet pas de s'en sortir par elles-mêmes, qu'elles doivent s'associer à un détenteur d'argent, un homme, quoi.
- Roxie Hart considère que la richesse est une récompense, un aspect de la célébrité, qui découlerait d'un travail. Ce qui la rend vaniteuse, c'est qu'elle envisage sa célébrité comme une fin en soi - fût-elle obtenue par des voies répréhensibles (ici, le meurtre).
- Marilyn et Madonna ne cherchent même pas un autre moyen que d'épouser la richesse : manipuler l'amour pour jouir de l'argent. La cupidité pure, la vanité des vanités.
Alors, est-ce le fantasme de la femme irrésistible, mais menaçante parce que portée sur l'appât du gain quitte à manipuler la fragile pureté des sentiments ? Non, c'est, en contre, une critique des hommes, puisque c'est leur concupiscence qui est manipulée. Et, pour certains (les Suédois, surtout), une critique d'un système qui rend les femmes dépendantes, faisant le constat (relayé par l'Américaine) que c'est un rich man's world (ou un material world).
Bon, c'est juillet, retournons créer de la dette.