De retour !
Ta chronique musicale préférée, aussi régulière que l'argent qu'elle rapporte, est de retour pour rattraper son retard sans être retorse. Cette semaine année, on parle électro, chanson, pop et bonbons pour les oreilles, pour se donner envie d'aimer la vie, aimer les fleurs, aimer les rires et les pleurs.
# Digitalism - Miracle (2016) (sur Deezer)
Parce qu'il ne faut jamais dire jamais, que mieux vaut tard que jamais, et que jamais je ne me lasserai d'I love you dude (2011).
Des ambiances envoûtantes ou électrisantes du passé, on se dépare ici : entre hommages aux pionniers et travail d'exploration du son, Mirage décale l'image que l'on aurait pu se faire de Digitalism. Avec Arena, calibré pour la piste, Battlecry, calibré pour la scène, Go Time, qui vire dans le pop rock bon pour une pub Nutella, on manque un peu de morceau qui nous arrache vraiment au réel. C'est donc Utopia, la bien nommée, qui répond à l'envie : plusieurs ambiances bien tuilées, un art de la boucle maîtrisé, pile le bon rythme pour se balancer - parfait. Laissons Power station et Open Waters, intéressons-nous à l'éponyme Mirage, en deux parties. La première te remettra immédiatement du Jean-Michel Jarre en tête, travail de synthé à découvert, voix instrumentalisées, oui, ça y est, on est dans Chronology (part I). Et contre toute attente, Mirage (part II) ralentit l'extase, et erre ici et là, comme on marcherait dans le désert à la recherche d'un signe réel ou... d'un mirage. Indigo Skies sent bon le Night call de Kavinsky, Blink sent le One more time de Daft Punk. Shangri-La arriverait presque à nous faire décoller, mais quelquechose de résolument (dé)passé nous fait (dé)laisser le titre dans un coin de la pièce pour bavarder, à la place. Et le reste... Bon.
Résumons : le nombre de pépites sonores à la minute est bien plus faible qu'auparavant, mais on reconnaît que Mirage est (par)fait pour les clubs, passés 2h du matin.
# General Elektriks - To be a stranger (2016) (sur Deezer)
Parce qu'on n'a jamais dit jamais, que mieux vaut toujours tard que jamais, et que jamais je n'oublierai les kifs de Good city for dreamers (2009).
Que reste-t-il de nos amours, sinon la chouette voix d'Hervé Salters, et si la lointaine inspiration américaine avait mené à un électropop lumineux sur les précédents albums, To be a stranger aligne des sons plus variés, frôlant le hip hop (Angle boogie), les constructions jazz (Whisper to me, Waltz #2) ou funk (Magnets), la pop dépouillée (New day breaking)... et écarte la piste des bombes dansantes.
On retient quand même le gainsbourien It's what you took, aussi court que narratif, mais soyons honnêtes : il manque à ce To be a stranger des morceaux à l'acabit d'un Take back the instant bien péchu, voire d'un David Lynch moment psychédélique. C'est que, là où Good city for dreamers était fait pour éclater sur scène, To be a stranger s'affirme comme une suite de mélodies lounge très agréables, qu'on écoute... distraitement.
# Jil is lucky - Manon (2016) (sur Deezer)
Parce qu'on a adoré Insomnia (2013) et que Jil is Lucky est un de ces groupes qui concoctent un art total, au delà des chansons - à l'image des courts métrages qui accompagnent tout l'album en virtual reality (VR), à 360°, visibles sur YouTube. Et qu'en plus, #youhou, Manon est en français.
Manon raconte une histoire, de la rencontre pop (8-bit à mort) aux retrouvailles (Comme une bombe), et, entre les deux, passe par les errances amoureuses electro (Le reste en l'air, Le goût de l'aventure), la rêverie parisienne (12g dans ma cassette) ou l'aveu magique (Ensorcelé). Plusieurs bons points pour Manon, parmi lesquels l'écriture poétique, la finesse de l'harmonie générale des sons, et le joli travail des cordes, entre distorsion vintage et philharmonie (Une lumière orange) ou de pure création électro (Chip romance), particulièrement envoûtant. Alors, bande-originale de court-métrage ou album-concept protéiforme, Manon s'avale sans réfléchir, en se laissant guider par la voix qui joue les Voulzy (Une lumière orange), les Lavoine (De la bouche à la taille), les minets de variétés (Comme une bombe) et les mélodies électropop acidulées et féériques d'une histoire d'amour pas banale.
Alors, lequel préférer ? Manon, sans doute.