Summertime.
Ils s'appellent Gradur, Marwa Loud ou encore Vitaa&Slimane, et tu n'en peux plus : à trop entendre de médiocrité, on pense à éteindre radio et télé. C'était sans compter sur ton serviteur, qui te propose... de la publicité, un ours en live et une demi-jungle.
# RONE - Motion
Bien sûr, on ne présente plus Rone, DJ star mais pas m'as-tu-vu. On l'a suivi en début d'année avec le collectif (LA)HORDE au Châtelet pour l'éclatant Room with a view (lire), mais ce que tu ne savais pas, c'est qu'il peuple ta télé depuis des mois avec Motion, grâce à la magie... de la publicité (Société Générale, 2018). En découvrant la version longue du spot, tu te laisse embarquer dans cette musique qui te donne effectivement envie de marcher. Et bien écoute Motion - full version, ferme les yeux, et plonge dans une histoire aussi féérique que futuriste, aussi naturelle que technologique, aussi légère qu'inquiétante. Entre Alice au pays des merveilles et les bas-fonds new-yorkais, l'esprit de Motion me rappelle la Moldau de Smetana, qui racontait par la musique l'histoire d'une rivière qui devient fleuve, ravage et berce villages et herbes hautes, pure poésie de l'enfance qui ne vous lâche jamais...
# ALEXIS HK - Comme un ours (live)
"Je goûte ce soir le paradoxe infernal de me produire devant vous, moi qui prétends d'ordinaire cultiver le jardinet de la solitude, et constate à chaque fois qu'il ne saurait fleurir sans votre présence." Qu'il ouvre son tour de chant par une telle introduction suffit à justifier l'écoute de la version live des chansons d'Alexis HK. Le monsieur fait dans l'élégance de ses habillages, racés (violons ici, délicatesse des mélodies là), pour accompagner ses histoires directes, authentiques, politiques, littéraires, dans sa voix grave légèrement éraillée. De la solitude en chanson douce (Comme un ours) à l'hilarante déconne religieuse (Torture jésuite), en passant par le racisme naturel sur un rap à piano-cordes (La chasse) ou les mots qui rassurent avec un air gainsbourien (Le dernier présent), le dandy ténébreux aligne les histoires musicales comme un tribun ses idées révolutionnaires : avec passion et maîtrise.
# J LLOYD - Kosmos
Les fans de FIFA connaissent déjà les sons de Jungle, groupe d'électro britannique au funk ouaté, mâtiné de trip hop et d'acid jazz planant. Découvrez un de ses membres, J Lloyd - ou Josh Lloyd-Watson, avec Kosmos, son premier album, qui ne dément pas son style dans Jungle. S'ennuyant sûrement pendant le confinement, le garçon mixe, essaie, puis enregistre, en 72h, 25 titres qu'il file et enchaîne avec souplesse et détente. Il faut dire que chaque morceau fait moins de 2 minutes : chacun porte un concept, une couleur, leur chaînage n'en est que plus subtil à mettre en place. Ambiance vacances et planance, tout est tendre, sans speed, le son est lessivé parfois jusqu'à la distorsion : parfait pour chiller après une longue journée, ou pour les matins intensément charnels. Pas de petit béguin, sinon pour ces transitions douces, entre le céleste God forgiving souls et le tropical Apocalypse, ou les petits voix haut perchées sur Let me be your hero, comme un tube des années 90 qui aurait rencontré nos rêves merveilleux. Une pépite trop courte (38 minutes !) qui s'écoute en boucle.