"Je ne sers qu'à fleurir le balcon", me suis-je dit, hier matin. Les coquelicots dans les champs autour de la maison, qu'il ne fallait pas cueillir pour qu'ils gardent leurs pétales, hein, Maman. La pivoine, la seule plante qui rimait avec mon prénom, en maternelle. Les fleurs à colorier. Le kit Play-doh pour des fleurs en pâte à modeler. Les pâquerettes pompons dans la cour de l'école. Les boutons d'or et le beurre qu'on aimait forcément, en Normandie. Le lilas blanc dans le jardin, mais aussi les roses, les tulipes de Papa, les glaïeuls, les fraisiers, les crocus, les primevères. Les jonquilles pour Curie. Les fleurs en plastique ou en céramique des cimetières. Les roses trémières au bord de l'océan. Les strelizias que Maman aimait tant. Son hortensia qu'elle n'aimait que bleu. Le parfum entêtant du lys à la maison, du jasmin à l'appartement, du laurier en Corse. Les fleurs en crépon pour la fête de la Mer. Mes premiers iris nains sur mon balcon d'étudiant. Le journées Perce-Neige. Les millions de fleurs sur ta tombe, l'an dernier. Pas assez. Les coquelicot qui pousseront sur mon mollet jusqu'à ma mort. Et aujourd'hui, je ne sers que les fleurs de notre balcon, parce qu'elles ont besoin de moi et parce que ça, je le réussis.
La rose pourpre du Caire. Les fleurs qui chantent dans Alice au pays des merveilles. Le dahlia noir. Magnolia. La valse des fleurs de Tchaikovski. Les fleurs qui virevoltent dans Fantasia. Des fleurs pour Algernon. Broken flowers. Le nom de la rose. Changer l'eau des fleurs. Les pétales d'American beauty. Les fleurs du mal. L'introduction de 8 femmes, le film. Mon amie la rose. Toutes droit au coeur, aux gènes.
Un garçon qui aime les fleurs, le cliché était parfait. Et bien tant pis.
Merci pour les fleurs.