S'il existe des mots-valise, ces mots inventés résultant du mélange de deux mots existants (tel que "république", mélange de "réputation" et de "télé publique")(non, non, la "république" n'existe pas, non ...)(la télé-réalité, par contre, oui), s'il existe des mots-valise, donc, il existe aussi, par la magie de Photoshop, des objets-valise : des objets qui n'existent pas créés à partir d'objets qui existent.
Tu me demandes : what the hell que c'est donc, un "batory" ? Ce n'est pas un mélange de Batman et d'Ivory (tu sais, le type du duo "Ebony and Ivory"), non, Michal Batory est un artiste français né en Pologne et à l'origine des plus célèbres affiches représentant des objets-valise. Tu le remets ? Non ? C'est lui, là, en photo.
Célèbres affiches, donc, mais pas bien célèbre affichiste. Michal Batory ? Si tu connais ses affiches, tu connaîtras maintenant leur auteur. Du Théâtre de la Colline (1994-1997) au Palais de Chaillot (2001-2008) en passant par la Cité des Sciences et de l'Industrie (1995, 1997, ...), Batory a signé un paquet de créations pour les grandes institutions parisiennes, mais aussi en province, en Europe, toussatoussa. Du coup, pour célébrer son immense talent, le Musée des Arts Décoratifs lui offre sa salle "Publicité" pour une expo protéiforme, afin de mettre des explications sur ses affiches parfois surprenantes. Exemples.
Détournement, réutilisation, ajout de détail significatif, Michal Batory ne mêle pas les images par hasard : il crée un résultat souvent un peu déroutant, voire crispant, mais apportant toujours une lumière nouvelle et riches en significations symboliques. C'est le but de l'expo au MAD : décrypter les finesses de ces affiches originales.
Le résultat est vraiment réussi. S'il faut, peut-être, dix minutes pour comprendre comment progresser dans cette expo qui mêle affiches, objets, projections, murs blancs ou chargés, la curiosité est rassasiée. Le concept : montrer les deux clichés avant qu'ils soient mêlés dans le cliché final, expliquer - en peu de mots : court, donc simple - sur une plaquette le raisonnement de Batory, laisser au spectateur la possibilité de découvrir les récurrences dans les objets, les thèmes, les couleur de l'artiste. Moi, par exemple, j'ai vu beaucoup d'empreintes de pied (aka "trace laissée par l'homme, symbole même de son humanité spécifique") et de morceaux d'êtres humain, de mélanges naturel/artificiel ou instrument/élément. On n'y reste pas longtemps : en une heure on a fait le tour des considérations essentielles et admiré (ou frémi devant) les messages intégrés en 120x160.
I recommand.
Et si tu n'es pas encore séduit(e), tu peux lire un petit morceau d'étude intéressant chez Appeau Vert.
Plus d'info sur, évidemment, www.michalbatory.com.