Toi qui me lis souvent, tu sais à quel point j'aime certaines émissions. Karambolage, Le dessous des cartes, Culture Pub, Electron Libre, ... Entre Arté et Inter, il y a des programmes que je ne louperais pour rien au monde. Mais s'il y en a un dont je ne PEUX PAS me passer, c'est bien celui qui me réveille tous les matins depuis bientôt trois ans : la Matinale de France Inter.
La polémique qui enfle autour du litige Hees-Val-Porte-Guillon a clairement de quoi exister : les faits sont là, des manières de malpropre, des vengeances à l'antenne, et surtout, surtout, des centaines de milliers d'auditeurs chafouins parce que ... ben parce que ça se fait n'importe comment, et que déjà qu'ils y perdent Porte et Guillon, ça va commencer à faire beaucoup, non mais oh. Les raisons qui en ressortent sont éminemment pas les bonnes, quand aux vraies, ça m'étonnerait qu'on en entende un jour parler. De mon humble avis, autant Guillon était devenu ... banal, et on s'en remettra, autant Porte était encore très percutant, et ça me semble un tantinet prématuré, comme départ. Surtout que c'est un départ forcé. Bref, ça passe mal. Je veux bien que l'on dégage des animateurs qui ne drainent plus de public, des chroniqueurs qui ne sont plus pertinents, des humoristes qui ne sont plus drôles ... Mais dans leur cas, y'a maldonne.
Alors attends, je suis pas entrain de dire que la radio doit obéir aux volontés de ses auditeurs, hein. J'ai suffisamment peur (à tort, c'est vrai) des envies de mes congénères pour craindre que l'on ne se rue dans un système de divertissement au détriment de la culture, de l'info et de la créativité. Mais ceux qui souhaitent garder Guillon et Porte ne sont pas dans la simple optique du divertissement : ils sont motivés par la critique, la multiplication des points de vue et une certaine forme d'humour qui n'avait rien d'insultant pour la station, bien au contraire. Etrange, tout de même, cette forme d'auto-censure qui grimpe de partout, et qui habite la ligne éditoriale de Philippe Val. Toujours est-il que les auditeurs ont raison de pas être contents, mais que, hélàs pour eux, c'est encore la station (donc Val) qui fait ce qu'elle veut. Bref, c'est pas à ça que je voulais en venir. Moi, je suis triste parce qu'il n'y aura plus Demorand pour me dire bonjour le matin.
Alors, faut dire que tout ça intervient dans un contexte de Domino-Day. Philippe Val, pédégé d'Inter, a reçu deux propositions. L'une d'Yves Calvi (qui animait Nonobstant, à 17h05), l'autre de Nicolas Demorand (qui tenait la Matinale de 6h30 à 10h). Nonobstant, c'était une interview culturelle ou politique rondement menée par un Calvi curieux tous azimuts, cherchant plus à découvrir le mode de pensée de son interlocuteur qu'à le tâcler en mode "j'vais t'expliquer qu'tu t'trompes". Depuis 2007, Calvi en a posé, des questions. Du coup, il changerait bien de registre. Sauf qu'ils n'ont pas trouvé de terrain d'entente, avec Val. Du coup, bye bye Calvi. Quoi mettre à la place ? Ben ... De son côté, Nicolas Demorand a la bougeotte. On ne peut pas lui en vouloir : 10 ans à se lever au milieu de la nuit pour donner du bonheur aux gens, c'est déjà du sacrifice. Ca doit plutôt bien t'éreinter les relations de couple, ce genre de trucs. Bref. Du coup, Nico, il voulait changer d'horaires ... Mais sans doute aussi revenir à ses premières amours : la pensée, la culture, la connaissance. Les interviews de mecs qui prétendent faire de la politique alors qu'ils font de l'esbrouffe, ça a du le saouler, le Nico. Alors il a proposé à Val de mener une émission de rencontres et de débats autour de la vie culturelle, ce qui devrait être pas mal. Sauf que cette émission aura lieu de 17h à 19h. Finie la douce voix de Nicolas le matin. Snirfl.
Donc il se passe quoi ? De 6 à 7, Audrey Pulvar fait une heure d'info. De 7 à 9, c'est encore de l'info, mais en profondeur, avec Patrick Cohen, "pour améliorer encore la vivacité et la réactivité" de la tranche horaire. De 9 à 10, Pascale Clarke envahit littéralement les ondes avec ses interviews pas originales. Il faudra donc attendre 17h pour retrouver la voix chaudement virile de Nicolas Demorand.
En attendant, je te conseille de te brancher sur Inter à 17h05 aujourd'hui, pour écouter la rediff de Ca peut pas faire de mal, présenté par le merveilleux Gallienne. Oui, le même Gallienne des Bonus de Guillaume, du Caligula avec Nicolas Le Riche et de Les garçons et Guillaume, à table !. Une heure de lecture et de littérature, ça promet.