L'envers du décor.

Tu t'en servirais contre moi.

La sainte colère qui m'anime ces temps-ci - et qui me fait être abject avec tout ce qui me passe sous la main - est celle du self control qui ne demande qu'une chose : tout envoyer valser. Non pas que je me sois pris d'une soudaine passion pour les danses viennoises, non (ce serait davantage pour les viennoiseries, au grand dam de mon tour de taille), mais je crois qu'à force de prendre sur moi pour rester aimable, gentil et souriant, il y a malgré tout un moment où wouhouhouuuu j'aimerais beaucoup être ermite.

Je ne reviendrai pas sur les causes, qui s'égrènent sur toute la chaîne qui va de la façon dont on me parle au bureau à la tonne de repassage à faire à la maison : tout m'agace, et comme je reviens de vacances (et que j'ai vidé mon compte en banque), je vais devoir de nouveau tout encaisser sans rien dire, et je ne suis plus vraiment sûr d'en être capable. Le risque, c'est que ça fasse boule de neige, et que tout le monde trinque. Mais après tout, ils l'auront bien cherché.

J'ai, de fait, et par ailleurs, développé un appétit vorace pour toute scène de lâchage de bride et d'envoi dans le décor par le verbe. D'une, parce que les mots sont quand même plus jouissifs que les actes - même si je sais jouir d'une bonne gifle quand elle est spectaculaire. De deux, parce que le jour où ça va sortir, j'aurai tout un panel de situations déjà vues auxquelles me raccrocher, un peu histoire d'avoir le sentiment que tout ça n'est pas complètement réel, donc que je peux tenter d'aller au bout des choses. Dans mes scènes de chevet, entre la tragédie grecque et Desperate, tu trouveras La crise et La belle verte, qui m'ont donné envie de diviniser Coline Serreau.

Le truc qui est chic, c'est que les hommes commencent à être aussi affutés et percutants (verbalement) que les femmes, qui ont perdu là leur monopole de la phrase qui tue, psychologie aidant, ne leur en déplaise.

Un conseil, donc : ne me cherche pas, je me donne un mal fou pour écoper autant que possible les gouttes d'eau qu'on jette par seaux entiers pour faire déborder le vase de mon calme olympien et de ma compréhensivité de chaque instant... alors que j'aimerais bien, aussi, qu'on arrête de me courir sur le haricot à devoir être là pour tout le monde, alors que je ne demande de l'aide de personne, moi. Dé-brouille-toi.

Comments

[Tom]

Je vais aller plus loin dans mon commentaire. Je n'ai pas de blog mais j'aime les lire. Le tien est super, on devine un homme cultivé, curieux, pàssionné et passionnant. Néanmoins je ne te
connais pas et pour déguster tes lignes, il me faut t'identifier à toi. Je ne vais pas te donner de conseil pédant ou de lecon mais juste te dire ce qu'égoistement j'aimerais lire de toi,
autrement dit, comment je pourrais m'identifier à toi :
- tu es gay, donc comment tu le vis, que traverses tu... etre gay n'est pas seulement une sexualité, c'est aussi une culture, un vécu. Exemple : "acheter son 1er tetu au kiosque" est un événement
qui résonne fortement pour les gays, ca a un parfum particulier qu'aucun hetero ne comprendra jamais
- ta ville, ton environnement, leurs incidences sur toi
- les détails sont importants pour donner corps à un récit même si les prénoms et évenements sont modifiés (exemple : pourquoi es tu en colère ? car si le lecteur ne le sait pas, le message
restera creux pour lui)

Non ce n'est pas un moyen pour moi d'en savoir plus sur toi, et je ne suis pas ton amoureux transi. Je ne te connais pas, j'aime juste lire ton blog... bises
Et si je parais arrogant ou autre, mille fois pardon :)

[Charlie SaintLaz]

Wow, Tom, tout ça ! :) Ni arrogance ni pédantisme de ta part, ne t'en fais pas : c'est même une première, un tel feedback sur ce blog... :)


Tu sais, en commençant ce blog, je me demandais quelle ligne choisir. Il me semblait évident que je ne pouvais pas parler de moi : quel intérêt ? Les pérégrinations d'un petit pédé de
province à Paris, il y en avait partout, tout le temps, à commencer par le blog de Matoo, président des pédés. Que j'en parle, moi, aurait été faire une redite. Ni plus intéressant, ni vraiment
différent, et pire : sans doute foncièrement banal.


Outre la question de l'originalité du sujet, il y avait la possibilité d'être reconnu et jugé. Que ce soit par des proches ou par des donneurs de leçon sur le net, je ne voulais pas prendre le
risque d'être taclé sur des expériences personnelles. Parce que je ne l'aurais pas supporté. Les gens qui te disent quoi penser et comment ressentir, j'en ai croisés plusieurs... et je n'en veux
plus.


Enfin, je suis de moins en moins friand de déballage de vie privée sur le net. Pour autant, si tu lis mon blog, tu décèleras tout un tas d'indices sur qui je suis. Je considère que mon lecteur
est intelligent, qu'il comprend ce qui est suggéré. Et si ce n'est pas le cas, ce n'est pas bien grave : le blog continue, je crois, d'apporter un point de vue intéressant sur la culture...


Du coup, je blogue comme je pense. Au quotidien, il n'y a pas de partie de moi qui prenne le dessus. Danseur, brun, handicapé, normand, pédé, parisien, engagé, littéraire ou sensible :
tout s'exprime en même temps. Et quand l'une de ces caractéristiques est célébrée ou outragée, je ne deviens pas que cette caractéristique : tout le reste est encore là. Je ne blogue donc pas
selon un seul point de vue. ;)


Après, je te comprends. Ce blog manque d'humain. Il manque de son auteur, peut-être. Mais il n'est pas impersonnel non plus. Je crois. ;)

[Tom]

Très content de lire ce post un peu plus personnel :))))))))))))