On se ressemble.
C'est vrai, regarde : tu as des idées, j'en ai aussi ; tu as une façon de penser, moi aussi ; une façon d'agir, moi aussi. L'incroyable, c'est que, jusque dans l'éventualité de nos
divergences les plus extrêmes, on parviendrait encore à s'écouter. Je ne dis pas qu'on s'entendrait, non, je dis que l'on arriverait à discuter, à saisir, avec un peu de patience, la portée
du regard de l'autre, peut-être même à comprendre ce qui se trame sous les motivations de nos divergences. Pourquoi ? Parce que c'est une chose dont le cerveau est capable. Et s'il en est
capable, nous avons le devoir de l'exploiter. Ne pas le faire serait franchement nier notre condition d'Homme, non ?
Sans aller jusque là (ce que je peux être cérémonieux, par moments !), je prenais de nouveau la mesure, ce week-end, attablé lors d'un repas en famille, de la portée révélatrice de la critique -
aka de l'avis divergent. En disant ce que tu n'aimes pas dans le traitement de tel ou tel élément de ta vie individuelle ou collective, tu dévoiles, en filigrane ou en majuscules, quel
serait ton idéal dans ledit domaine. Ta critique n'est pas, pour moi, ta façon de mettre le doigt sur un dysfonctionnement d'un environnement, non, mais bel et bien de mettre en
lumière l'étendue de ton intolérance et de ta rigidité.
Mais, parce qu'on ne peut pas tout tolérer, et parce que je suis aussi psycho-rigide que n'importe qui, je ne te blâme pas. Je tenterai, par contre, de te renvoyer au plus proche l'image que
tu donnes de toi-même en te prononçant sur tout et n'importe quoi, et n'importe comment. Et j'entends que tu me rendes la pareille.
Parce que tout ça fonctionne comme un jeu de miroirs.