"Chacun a son Amérique à soi, et puis des morceaux d'une Amérique imaginaire qu'on croit être là mais qu'on ne voit pas"
Andy Warhol, America
S'il y avait eu des gens à roller et en short, la mer et des palmiers, on se serait cru à Miami. Du coup, ma tête voulait la jouer à La classe américaine.
Comme dans le film, des morceaux qui, collés ensemble, font un tout disparate mais suffisamment réel pour qu'on y croit.
13h55, TF1. Depuis 36 ans, les mêmes personnages jouent des intrigues improbables, des situations loufoques qui en deviennt hilarantes. Ils sont l'incohérence même d'une frange de l'Amérique. Ils sont Genoa City. Ils sont the Young and the Restless.
Dans cet imbroglio de coucheries et de rivalités professionnelles basées sur des rivalités affectives (avec, au centre, Ashley et Nikki), il y a un personnage qui dépote. Qui vous fait bien kiffer la série. Qui vous fait supporter tout le reste. Sharon Newman, tu es la meilleure. Sharon, elle est blonde. Sharon est jolie. Sharon s'est mariée ave THE bon parti de la série, en ce temps-là. Mais Sharon ne vit pas à Charonne. Elle a eu un enfant avant le mariage, elle a tué un type qui l'avait violée quand elle avait quitté le domicile conjugal, elle a pardonné au gamin qui a involontairement tué sa fille et mis la vie de son fils en danger, elle a papillonné avec le futur mari de sa belle soeur, elle sait foutre la merde avec classe et innocence. Bref, Sharon est trop forte. Même si elle insupporte ma Pouche.
Sharon, en ce moment, est entrain de se rendre compte petit à petit que son beloved Nick a une affair avec la bordélique et hysterical Phyllis. Mais si, Phyllis (ah ah ah, quelle bonne blague, ...)(dans le même genre, il y a "Voilà, c'est Neil"). Elle s'en rend compte parce qu'ils passent de plus en plus de temps ensemble. Parce qu'ils ont la même sculpture des trois singes sur leur bureau. Parce que les relevés de téléphone de Nick sont éloquents. Parce qu'ils mentent. Parce qu'il a été en retard à leurs dix ans de mariage pour batifoler dans un motel sur une route enneigée avec la susdite hystéro. Elle joue à merveille l'ingénue gourgandine qui, devant la trahison-tromperie, cherche tous les indices pour s'assurer qu'elle ne se trompe pas.
Elle est E-NORME. Y'a pas d'autres mots. Il faut voir cette façon de se remettre la mèche derrière l'oreille quand elle se rend compte, bouleversifiée, que son mariage bat de l'aile. Et ce grand regard vide qui appelle la larme chez la spectatrice assidue quand elle se rend compte que l'autre femme n'est personne d'autre que la mère du gamin qui a été acquitté pour le meurtre de sa fille. Ahhhh elle est belle, l'Amérique. Sharon, à la Maison Blanche !
<--- Ca, c'est Sharon avec son Nick-à-l'air-intelligent.
15h50, salle 5 de l'UGC Orient-Express. On savait que le Québec était l'avenir de la série francophone. On savait que le Québec était l'avenir de la chanson francophone à voix. Mais on ne savait pas trop s'il serait l'avenir du cinéma francophone. Certes, il y avait eu Les invasions barbares, C.R.A.Z.Y. ou La face cachée de la Lune. Et puis Cannes 2009 a auréolé J'ai tué ma mère.
J'en avais parlé à Mon Petit Vulcan, qui avait avalé sa salive de travers en lisant le pitch. Tant pis, j'y suis allé avec Magic Nico, qui ne renâcle jamais pour aller se faire une toile. J'ai tué ma mère, donc, est un film québecois qui force l'admiration. Impossible de ressortir de la salle en ayant trouvé ça mauvais. Truffé de références (In the mood for love, Clockwork Orange, C.R.A.Z.Y., ...), réalisé par un môme de 19 ans, sacré à la Quinzaine des Réalisateurs, le film est prometteur. Xavier Dolan, le réal et acteur principal, y campe un fils en bute avec sa mère, la bluffante Anne Dorval, il est en proie à des rêves qu'il ne peut réaliser, à la découverte du monde et des relations humaines (dont sa love affair avec Antonin, joué par François Arnaud). Un père absent, une prof à la ramasse mais humaine, un pensionnat où la débauche n'est jamais loin ... complètent le tableau.
L'image est soignée. Je garde en mémoire cette scène de rêve où le fils, en costume, pousuit sa mère en mariée dans les bois. Arbres dénudés, feuilles mortes, vent, ralentis ... Exceptionnel.
On gardera aussi en mémoire des dialogues percutants. Comme la scène de règlement de comptes entre le fils et le père. Ou la réplique assassine de la mère au directeur du pensionnat, par téléphone. J'en aurais applaudi.
Et, ça et là, quelques phrases notées dans mon petit carnet, dans le noir de la salle.
"Tu es comme les poissons des grandes profondeurs : tu es aveugle et lumineux."
Ou cette scène incroyable, un vrai tire-tears :
- Qu'est-ce que tu ferais si je mourrais aujourd'hui ?
Elle s'immobilise devant la voiture, le regarde, ne répond pas. Il s'en va, furieux. Elle répond enfin :
- Je mourrais demain.
18h50, salle 15 de l'UGC Ciné-Cités des Halles. Woody Allen, on ne le présente plus. Entre sa filmographie exceptionnellement productive et ses saillies drôlatiques, il est certainement le Juif new-yorkais le plus célèbre de la planète. Justement, New York, c'est son nouveau terrain de jeu, après la trilogie londonienne et la trilogie barcelonaise. Du coup, il explore son thème fétiche, les méandres amoureux, dans l'espace où tout devient possible qu'est la grosse pomme. Ca donne Whatever works.
On pourrait résumer le scénario par un mix entre "tout le monde veut prendre sa place" et "New York'll change your life". Voire "Yes, you can" (traduit chez nous par "Ensemble, tout devient possible").
Un Allen sans Woody, avec Larry David en vieux schnock cynique mais pas méchant, Evan Rachel Wood en tête de linotte attachante (oui, moi, les gens qui font preuve de leurs progrès, je les trouve émouvants), Patricia Clarkson en mère rigide transformée en vamp artiste-peintre à 200% dans le cliché new-yorkais, Ed Begley Jr. en Américain profond en pleine quête spirituelle et ... charnelle. Bon, je ne vous cache pas que l'intérêt premier de ce film était Henry. Il y joue un charmant jeune premier à la conquête de la plus jolie blonde qu'il ait jamais vue (la Wood, là).
Donc, dans ce film, les couples se composent, se recomposent. Originalité : ils le font sans se décomposer. Du couple initial (et improbable) Boris-Melody naîtra Melody-Randy et Boris-Helena. Du couple des parents de Melody naîtra encore plus de couples ... aussi inimaginables que possible. On pourrait se gausser devant un film au scénario qui, définitivement, n'est pas crédible deux minutes, mais en fait, on sourit, on rit même, devant le flegme, le détachement que chaque personnage acquiert en s'installant à NYC.
Au final, on se dit que passer d'une situation de couple à une autre n'est pas si sorcier ... à New York. Tant que ça marche ("whatever works" ^^).
Sur l'image, pas de surprise : c'est du Allen. Sur les dialogues : pareil. On rit, donc. Notamment quand le "ménage à trois" (en français dans le texte) est vu comme "Another nasty thing created by the French !". Ou quand Melody demande ingénument à son juif de mari s'il préfère être enterré ou incinéré ...
<--- Sexy, le Cavill, hein ? ;)
Un extrait ? Voici :
- God is gay.
- He's not ! He made a whole universe perfectly. Oceans, skies, beautiful flowers ...
- C'mon, he's a decorator ...
America ! America !
C'était so jouissif.
13h55, TF1. Depuis 36 ans, les mêmes personnages jouent des intrigues improbables, des situations loufoques qui en deviennt hilarantes. Ils sont l'incohérence même d'une frange de l'Amérique. Ils sont Genoa City. Ils sont the Young and the Restless.
Dans cet imbroglio de coucheries et de rivalités professionnelles basées sur des rivalités affectives (avec, au centre, Ashley et Nikki), il y a un personnage qui dépote. Qui vous fait bien kiffer la série. Qui vous fait supporter tout le reste. Sharon Newman, tu es la meilleure. Sharon, elle est blonde. Sharon est jolie. Sharon s'est mariée ave THE bon parti de la série, en ce temps-là. Mais Sharon ne vit pas à Charonne. Elle a eu un enfant avant le mariage, elle a tué un type qui l'avait violée quand elle avait quitté le domicile conjugal, elle a pardonné au gamin qui a involontairement tué sa fille et mis la vie de son fils en danger, elle a papillonné avec le futur mari de sa belle soeur, elle sait foutre la merde avec classe et innocence. Bref, Sharon est trop forte. Même si elle insupporte ma Pouche.
Sharon, en ce moment, est entrain de se rendre compte petit à petit que son beloved Nick a une affair avec la bordélique et hysterical Phyllis. Mais si, Phyllis (ah ah ah, quelle bonne blague, ...)(dans le même genre, il y a "Voilà, c'est Neil"). Elle s'en rend compte parce qu'ils passent de plus en plus de temps ensemble. Parce qu'ils ont la même sculpture des trois singes sur leur bureau. Parce que les relevés de téléphone de Nick sont éloquents. Parce qu'ils mentent. Parce qu'il a été en retard à leurs dix ans de mariage pour batifoler dans un motel sur une route enneigée avec la susdite hystéro. Elle joue à merveille l'ingénue gourgandine qui, devant la trahison-tromperie, cherche tous les indices pour s'assurer qu'elle ne se trompe pas.
Elle est E-NORME. Y'a pas d'autres mots. Il faut voir cette façon de se remettre la mèche derrière l'oreille quand elle se rend compte, bouleversifiée, que son mariage bat de l'aile. Et ce grand regard vide qui appelle la larme chez la spectatrice assidue quand elle se rend compte que l'autre femme n'est personne d'autre que la mère du gamin qui a été acquitté pour le meurtre de sa fille. Ahhhh elle est belle, l'Amérique. Sharon, à la Maison Blanche !
<--- Ca, c'est Sharon avec son Nick-à-l'air-intelligent.
15h50, salle 5 de l'UGC Orient-Express. On savait que le Québec était l'avenir de la série francophone. On savait que le Québec était l'avenir de la chanson francophone à voix. Mais on ne savait pas trop s'il serait l'avenir du cinéma francophone. Certes, il y avait eu Les invasions barbares, C.R.A.Z.Y. ou La face cachée de la Lune. Et puis Cannes 2009 a auréolé J'ai tué ma mère.
J'en avais parlé à Mon Petit Vulcan, qui avait avalé sa salive de travers en lisant le pitch. Tant pis, j'y suis allé avec Magic Nico, qui ne renâcle jamais pour aller se faire une toile. J'ai tué ma mère, donc, est un film québecois qui force l'admiration. Impossible de ressortir de la salle en ayant trouvé ça mauvais. Truffé de références (In the mood for love, Clockwork Orange, C.R.A.Z.Y., ...), réalisé par un môme de 19 ans, sacré à la Quinzaine des Réalisateurs, le film est prometteur. Xavier Dolan, le réal et acteur principal, y campe un fils en bute avec sa mère, la bluffante Anne Dorval, il est en proie à des rêves qu'il ne peut réaliser, à la découverte du monde et des relations humaines (dont sa love affair avec Antonin, joué par François Arnaud). Un père absent, une prof à la ramasse mais humaine, un pensionnat où la débauche n'est jamais loin ... complètent le tableau.
L'image est soignée. Je garde en mémoire cette scène de rêve où le fils, en costume, pousuit sa mère en mariée dans les bois. Arbres dénudés, feuilles mortes, vent, ralentis ... Exceptionnel.
On gardera aussi en mémoire des dialogues percutants. Comme la scène de règlement de comptes entre le fils et le père. Ou la réplique assassine de la mère au directeur du pensionnat, par téléphone. J'en aurais applaudi.
Et, ça et là, quelques phrases notées dans mon petit carnet, dans le noir de la salle.
"Tu es comme les poissons des grandes profondeurs : tu es aveugle et lumineux."
Ou cette scène incroyable, un vrai tire-tears :
- Qu'est-ce que tu ferais si je mourrais aujourd'hui ?
Elle s'immobilise devant la voiture, le regarde, ne répond pas. Il s'en va, furieux. Elle répond enfin :
- Je mourrais demain.
18h50, salle 15 de l'UGC Ciné-Cités des Halles. Woody Allen, on ne le présente plus. Entre sa filmographie exceptionnellement productive et ses saillies drôlatiques, il est certainement le Juif new-yorkais le plus célèbre de la planète. Justement, New York, c'est son nouveau terrain de jeu, après la trilogie londonienne et la trilogie barcelonaise. Du coup, il explore son thème fétiche, les méandres amoureux, dans l'espace où tout devient possible qu'est la grosse pomme. Ca donne Whatever works.
On pourrait résumer le scénario par un mix entre "tout le monde veut prendre sa place" et "New York'll change your life". Voire "Yes, you can" (traduit chez nous par "Ensemble, tout devient possible").
Un Allen sans Woody, avec Larry David en vieux schnock cynique mais pas méchant, Evan Rachel Wood en tête de linotte attachante (oui, moi, les gens qui font preuve de leurs progrès, je les trouve émouvants), Patricia Clarkson en mère rigide transformée en vamp artiste-peintre à 200% dans le cliché new-yorkais, Ed Begley Jr. en Américain profond en pleine quête spirituelle et ... charnelle. Bon, je ne vous cache pas que l'intérêt premier de ce film était Henry. Il y joue un charmant jeune premier à la conquête de la plus jolie blonde qu'il ait jamais vue (la Wood, là).
Donc, dans ce film, les couples se composent, se recomposent. Originalité : ils le font sans se décomposer. Du couple initial (et improbable) Boris-Melody naîtra Melody-Randy et Boris-Helena. Du couple des parents de Melody naîtra encore plus de couples ... aussi inimaginables que possible. On pourrait se gausser devant un film au scénario qui, définitivement, n'est pas crédible deux minutes, mais en fait, on sourit, on rit même, devant le flegme, le détachement que chaque personnage acquiert en s'installant à NYC.
Au final, on se dit que passer d'une situation de couple à une autre n'est pas si sorcier ... à New York. Tant que ça marche ("whatever works" ^^).
Sur l'image, pas de surprise : c'est du Allen. Sur les dialogues : pareil. On rit, donc. Notamment quand le "ménage à trois" (en français dans le texte) est vu comme "Another nasty thing created by the French !". Ou quand Melody demande ingénument à son juif de mari s'il préfère être enterré ou incinéré ...
<--- Sexy, le Cavill, hein ? ;)
Un extrait ? Voici :
- God is gay.
- He's not ! He made a whole universe perfectly. Oceans, skies, beautiful flowers ...
- C'mon, he's a decorator ...
America ! America !
C'était so jouissif.