Luke Shun, je suis ton père.
Si tu ne connais pas les studios Ghibli, shame on you. Depuis leur fondation en 1984 à Koganei (Japon), il n'en est sorti que 18 longs métrages ... mais c'est presqu'autant de chefs d'oeuvre. Tu connais certains titres, parce qu'ils sont devenus incontournables : Le château ambulant, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoke, Le tombeau des lucioles, Le voyage de Chihiro ... Tu connais aussi les deux principaux réalisateurs, Hayao Miyazaki et Isao Takahata, parce qu'ils sont devenus des légendes. Tout ça à cause de quoi ? De simples films d'animation. De films éternels.
La magie Ghibli, elle tient à peu de choses. Le dessin, fin, épuré de trop de détails, ne gardant, au final, que ce à quoi l'oeil fait attention dans la réalité : couleur, forme, mouvement. L'histoire, parfois très historique (Le tombeau des lucioles), parfois teinté d'un peu de magie (Arietty, Totoro), parfois complètement imaginaire (Le château ambulant). Les sentiments, simples, purs, entiers, contenus (japanese style) : la famille, l'enfance, l'espoir, l'amour, l'amitié, la communauté, tout ça. L'ambiance, servie par des musiques japonaises, empruntant souvent quelques thèmes à la musique occidentale. Bref, les studios Ghibli invitent toujours à la rêverie, avec un peu de réflexion morale et/ou politique, l'air de rien.
Début 2012, tadaaaam ! Une nouvelle pépite sort des studios et arrive sur nos écrans : La colline aux coquelicots. Second film de Goro Miyazaki (oui oui, le fils) après Les contes de Terremer (2006), La colline raconte l'histoire d'Umi et Shun, deux élèves du lycée Konan de Yokohama, dans le Japon de 1963. De leur rencontre, un peu brutale, à leur rapprochement par le biais du foyer du lycée (le "Quartier Latin"), à leur troublante histoire mêlée lors de la Guerre de Corée, sur fond de recherche du père, tu ne loupes rien des sentiments qui les étreignent. Jugé parfois niaiseux, parfois joliment naïf, le scénario est toutefois plaisant, léger, encore empli des illusions propres aux années 60. La musique, teintée d'accordéon (ça fait vintage), les lumières tendres et le dessin typique des studios en font un beau moment qui devrait laaaargement rattraper le four qu'était Arrietty et le petit monde des chapardeurs. Le tout se consomme sans chercher à entrer dans le détail de la psychologie des personnages, juste en admirant la beauté des images - à la limite de l'impressionnisme - et les chouettes -bons- sentiments de cette histoire d'enfants pour enfants ... et grands enfants. Allez, zou : bande-annonce. Sans coquelicots, d'ailleurs. Troublant.
C'est en salle depuis le 11 janvier, et c'est vraiment pas mal.