Parfois, j'ai peur de devenir fou.
Parce que tu vois, sans être tout à fait équilibré, je suis quand même loin d'être bon pour Sainte-Anne. D'autant que j'y ai déjà fait un tour, je sais de quoi je parle (je m'étais perdu en rentrant du boulot, un soir, c'était marrant)(et intéressant)(mais flippant, un peu, aussi). Je suis donc pas ce qui se fait de mieux sur le marché de la santé mentale (j'ai déjà diagnostiqué 4 ou 5 trucs à surveiller), mais je m'en sors pas si mal, par rapport à ce que j'ai pu croiser (parfois intimement), et même, je m'améliore avec le temps.
Pour autant, il y a des trucs qu'on ne digère pas. Pas assez vite. Pas tout de suite. Pas du tout, même, aussi, des fois. On aimerait, hein, parce qu'on se rend compte que ça arrangerait pas mal de monde, et qu'on est plutôt arrangeant, comme garçon, mais ... non, c'est pas possible. N'y arrive pas. Gnaaaa. On y réfléchit un peu, puis on comprend d'où ça vient. Ce que ça a créé comme foutoir dans sa tête, comme conséquences immédiates et différées, comme changements. Alors tu vois, on n'est pas tous armés de la même façon pour résister aux coups du sort, aux erreurs des uns et aux méchancetés des autres. Partant de là, on n'est pas des robots bien huilés, hein, il faut parfois faire un sacré bout de chemin pour passer au delà des blessures à l'ego. Moi, je suis un peu de ceux-là. Et c'est l'idée des murs qui se rapprochent : chaque truc à surmonter est un mur, et chaque fois que le truc est évoquer, il paraît plus proche, plus inévitable, plus pressant. Tu as déjà vécu ce moment où, par surprise, on vient te rappeler, par associations d'idées ou en direct, un truc qui a laissé une sale plaie dans ton histoire. Sans vraiment le vouloir, tu ravives les sensations de l'époque. Et si tu as le malheur de les exprimer, pas de bol, tu passes pour un vieil aigri qui n'avance pas. Alors qu'en fait, tu ne voudrais qu'un truc : pouvoir effacer les plaies et ne garder que les bons souvenirs. Revenir en arrière pour écrire les choses différemment. Changer d'avis. Ou d'approche.
C'est simple. On efface, on rembobine. Erase / Rewind.
Au fond, je m'en fous. J'ai Nina Persson qui chante dans ma tête.