C'est l'histoire d'un type...
Il est des milieux où l'on taxe de snobisme ceux qui aiment voir un film en version originale sous-titrée. Dans ces milieux, en général, on parle mal l'anglais, et on s'énerve que d'autres croient qu'une autre langue que le français puisse être intéressante. En fait, on s'énerve que d'autres trouvent un intérêt à une chose que l'on ne comprend pas soi-même. Béotiens.
Quiconque aura vu (ou revu) un très grand film (ou une série, soyons millenial-compatible) en VOST dès le départ ne supportera pas l'ambiance de nos parfois fort mauvais doublages en français. Même si nos sociétés de doublage sont les meilleures du monde et que l'on reconnaîtrait parmi mille les voix françaises d'Eva Longoria (Odile Schmitt) ou de Bart Simpson (Joëlle Guigui).
The Ghost Writer, c'est l'histoire d'un type qui a vu un (sans doute) bon film au cinéma, mais pas dans la bonne version. Ah mais non, c'est mon histoire, celle-là, pas celle du film. Attends.
QUOI ?
Mike McAra est retrouvé mort sur la plage d'une petite île au large du Maine. Mike était le nègre (et ami) qui rédigeait les mémoires de l'ancien Prime Minister Adam Lang. Un remplaçant est trouvé.
Adam : Hello. Who are you ?
Lui : I'm your ghost.
A l'heure où Lang est accusé de torture sur des terroristes et traîné devant le TPI de La Haye pour complicité de crime contre l'Humanité, les mémoires de l'ex-politicien prennent un poids qui dépassent ce qu'a pu écrire le prédécesseur de notre Ghost. La CIA, Ruth, une cabbale politicienne, Amelia, la mémoire, les gens de l'île, ... Petit à petit, on se rend compte que Mike avait mis le doigt sur un secret d'Etat qu'il avait transcodé dans les Mémoires. Et c'est à notre Ghost de le suivre, pas à pas. Jusqu'où ?
Certes, l'adaptation du roman est intéressante. L'intrigue prend beaucoup de temps à se mettre en place. S'il faut bien donner une réelle épaisseur aux personnages et aux relations qui les unissent, il y a certainement moyen d'être moins descriptif, au début. On dira qu'il y a une heure où l'on s'ennuie. Et espérer que c'est le début que Polanski n'a pas eu le temps de finir de monter. Au bout de cette heure, Lui suit les pas de Mike. Il sent le danger, mais sa curiosité le travaille. Et nous aussi, on commence à le sentir, le danger. Révélations, ambiguïtés, assassinat, agents doubles,... on tient du polar solide.
HORREUR : je l'ai vu en VF. Résultat : j'ai le sentiment d'avoir regardé, pendant une heure et des brouettes, un Julie Lescaut où il n'y aurait pas d'action, juste des présomptions et des plans cadrés très près. Et après... j'ai cru voir un polar, simple mais efficace. Je ne vais pas crier à la supercherie : du Polanski, j'en ai vu. Mais là... on touche au simplisme.
Bref. Mon avis sur The Ghost Writer est : peut mieux faire. Mais je vais lui laisser la présomption d'innocence, à Roman - oui, encore -, en imaginant qu'il n'a pas eu le temps de participer au montage de l'ensemble.