VDM.
Un accident est vite arrivé. Des drames, il y en a tous les jours. Match fait ses choux gras avec des destins brisés, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Faits divers, miraculés, histoires extraordinaires, courage incroyable. On trouvera tout le vocabulaire qu'on veut dans les journaux pour décrire un évènement qui transforme une vie et la personnalité de l'humain qui le subit. On s'imagine la dureté, la souffrance, l'horreur. Le sentiment face à la plaie, l'impuissance, l'injustice, la terreur. On compatit. C'est ça : on imagine que le réconfort, la compassion, l'amour et l'attention apaisent un humain endommagé. On les étouffe, peut-être, de bonnes grâces et de bienfaits. L'enfer est pavé de bonnes intentions : et si la compassion était le début de la discrimination ? Et si regarder un être diminué comme tel était le vrai départ de sa diminution sociale ? Et si le considérer comme handicapé tout court en faisait un handicapé pour tout ?
On en présente plus Audiard. Après un De battre mon coeur s'est arrêté magnifique et un Un prophète salué par la critique (et les Césars), il a présenté à Cannes son De rouille et d'os, un film dur mais qui laisse un sentiment de grandeur, une fois sorti de la salle. L'histoire de la rencontre entre Ali, brute épaisse, qui ne se pose pas de questions, à la vie instable, tentant d'amliorer sans cesse sa situation, et Stéphanie, jolie fille, stable, croisée en boîte, soudain clouée en fauteuil par un accident qui lui coûte ses deux jambes. Après l'accident, Stéphanie rappelle Ali, sa vie a changé. Et si Ali était précisément ce qu'il fallait à Stéphanie pour ne pas mourir ?