Las Vegas Parano ?
Matrix avait (r)éveillé en moi un sentiment étrange. Celui des glaces sans tain, de la réalité virtuelle et du contrôle chimique des esprits. Qui, dans sa vie, ne s'est pas senti, à un moment, manipulé par l'ensemble de la société ? Mais si, tu sais bien, cette soudaine prise de conscience qu'on te dicte quoi faire, quoi penser, comment ressentir et qui fréquenter. Comme un certain déterminisme. Lois de l'évolution d'un côté, mécanique sociale de l'autre : pour s'assurer de ne pas tomber dans un moule, on tente l'affranchissement cérébral par l'anticonformisme tous azimuts. Et si, même là, on se faisait avoir ?
La cabane dans les bois m'a gentiment ramené à ces petites angoisses existentielles. Le film de Drew Goddard, présenté partout comme le summum de l'horreur et un nouveau genre de terreur, n'est, en réalité, pas si novateur que ça côté images. Il est même assez basique, avec ces images de zombies dans la noirceur de la forêt. Non, le vrai intérêt de ce film est son scénario tirant vers le thriller. Attention : spoiler.
5 copains passent le week-end dans une cabane au bord d'un lac dans une forêt. La vieille cabane possède une cave bourrée d'objets hors d'âge... à la lecture d'un vieux journal intime, nos 5 camarades réveillent une famille zombie, qui va les trucider les uns après les autres. Tous ? Non : deux d'entre eux leur échappent en se terrant dans la tombe zombie, mais y découvrent tout un système électrique avec ascenseur, qui les emmène dans les entrailles d'une organisation qui semble dépasser le cadre de ce que nos 5 lurons ont pris pour une malédiction. Cette organisation orchestre le sacrifice régulier (et dans la terreur) de victimes rigoureusement sélectionnées pour calmer les dieux et titans du passé, afin d'éviter qu'ils ne détruisent la planète. Non non, cette Cabane dans les bois sait mener sa barque en mêlant les scénarios avec finesse : film de zombies, teen movie, sauver l'humanité, théorie du complot, jeunesse cynique, questions morales, sociologiques, psychologiques. Un cocktail détonnant où l'horreur prend, au final, une place bien secondaire. A qui doit-on ce redoutable piège ? Drew Goddard himself ... et Joss Whedon, mister Buffy contre les vampires.
Côté casting, Goddard a joué sur des atouts masculins : Jesse Williams (Grey's Anatomy) joue l'intello sexy, Chris Hemsworth (Thor himself !) l'athlète dominateur, Fran Kranz (Dollhouse) l'anticonformiste fumeur de shit, là où les deux rôles féminins sont confiés à des inconnues (Anna Hutchinson est la blonde évanescente, Kirsten Connolly la vierge effarouchée). Cinq personnages, cinq personnalités, qu'un peu de chimie et une bonne connaissance des mécanismes mentaux permettent de manipuler à loisir. Et si les choix qu'ils faisaient n'étaient, en vérité, pas du tout de leur fait, mais imposés par leur environnement ? Bande-annonce.