Je t'en parle parce que c'est fini et parce que tu n'y a sans doute pas été.
Avec Law, on est allés faire un tour à la Mairie de Paris, où se tenait jusqu'à aujourd'hui une expo sur Andrée Putman, "reconnue internationalement" (dixit la brochure). Alors je t'écoute : c'est qui, la Putman, hein ? On fait moins le malin, hein ...
Diplômée du Conservatoire de Paris en piano, elle décide de sortir de la morne vie d'ascète des musiciens professionnels et se lance dans la presse. C'est, toutefois, moins par sa plume que par le réseau qu'elle s'y crée en rencontrant beaucoup de personnalités bien en place qu'elle décolle dans la décoration d'intérieur. Forgeant son goût sur les influences de l'art abstrait et contemporain, allié à la marque de l'abbaye de Fontenay (ample, sobre, harmonieuse) où elle passait souvent étant gamine, Andrée multiplie les petits contrats de déco et d'aménagement dans les années 1950.
Dans les années 1980-1990, elle se fait connaître à l'international pour avoir retapé l'hôtel Morgans de New-York (1984), le bureau de Jack Lang rue de Valois, le Centre des Arts Plastiques de Bordeaux ou la cabine du Concorde (1994). Les années 2000 sont marquées par des projets plus ambitieux en architecture d'intérieur et en réédition d'objets, qui s'affichent dans des lieux publics et privés de renom, à l'exemple de la boutique élyséenne de Guerlain.
Alors, archi-célèbre, Putman ? Dans les milieux réservés, sans aucun doute. C'est un peu comme Basquiat : si tu es un hipster de l'art, tu le connais, sinon, comme tout le monde, tu le découvres à l'occasion d'une expo à Paris. Ici donc, Putman se voit offrir la Mairie de Paris pour une expo rétrospective ... de son vivant. Weird ? Un peu, mais qu'importe : l'expo se fait en une grosse demi-heure, et ceux qui, comme moi, aiment les contrastes violents y trouvent leur bonheur. Extraits.
Mais Andrée n'est pas qu'une inspirée, elle réfléchit, aussi, et bien. Jugez plutôt :
"Avant-garde, pas avant-garde ... Ce n'est pas un problème. Il faut que ce soit possiblement inspiré par hier, complètement adapté à aujourd'hui, et que cela indique la façon dont ça va évoluer
demain."
"Le confort, c'est secondaire. En fait, pour moi, le confort, c'est beaucoup plus visuel."
"Soucieuse de sérénité, j'ai toujours aimé réconcilier des matériaux brouillés par les conventions."