Les religions révélées (Judaïsme, Christianisme, Islam) portent toutes, à ce qu'en disent leurs fidèles, les marques du respect, de la tolérance et de l'intégrité. Lis un peu ce qui suit ... parce qu'il est peut-être temps de le leur rappeler.
"Depuis le 20 octobre, date de la
première au Théâtre de la Ville, les représentations de Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci donnent lieu à des événements graves.
Un groupe organisé d’individus qualifiés d’"intégristes chrétiens", a tenté a plusieurs reprises d’empêcher l’accès au Théâtre de la Ville en bloquant les portes, en agressant le
public, en le menaçant, en l’aspergeant d’huile de vidange, de gaz lacrymogènes et en lui jetant œufs et boules puantes, tandis que leurs complices cherchaient régulièrement à interrompre
les représentations au cri de «La christianophobie, ça suffit ».
L’AGRIF (Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l'Identité Française, ndlr) a demandé par voie de justice l’interdiction du spectacle et a été déboutée de sa demande à
deux reprises, par le Tribunal de Grande Instance le 18 octobre 2011, puis par le tribunal de Paris le 28 octobre 2011.
La police a dû intervenir chaque jour à l’entrée du théâtre, et nous nous sommes vus dans l’obligation de l’appeler à l’intérieur de la salle à plusieurs reprises pour
qu’elle évacue ceux qui occupaient la scène, ce qui s’est fait sans heurts, parce que nous avons veillé à éviter des affrontements entre ces envahisseurs et le public outré de tels agissements.
Le personnel du théâtre s’est montré résolu et efficace en ces pénibles circonstances, et, malgré les nombreux incidents et interruptions, toutes les représentations prévues au Théâtre de
la Ville ont pu avoir lieu.
Que ces groupes d’individus violents et organisés, qui se réclament de la religion contre une soi-disant « christianophobie », obéissent à des mouvements religieux ou politiques,
demande une enquête ; pour nous, en tout cas, ces comportements relèvent à l’évidence du fanatisme, cet ennemi des Lumières et de la liberté contre lequel, à de glorieuses
époques, la France a su si bien lutter. Le théâtre a d’ailleurs très souvent été, pour ces luttes, un lieu décisif.
On ne peut en rester là. De tels agissements sont graves, ils prennent une tournure nouvelle, nettement fascisante. Ces groupes d’individus s’empressent en outre de décréter blasphématoires, de
façon automatique, des spectacles qui ne sont dirigés ni contre les croyants, ni contre le christianisme. Comme en témoignent de la façon la plus claire les textes de Romeo
Castellucci, publiés dans le programme distribué au public et l’interview intitulée « La Foi est à mille lieues de l’idéologie » parue dans le journal Le Monde du 27 octobre
2011.
Nous n’entendons pas céder à ces menaces odieuses.
Le spectacle, coproduit par le Théâtre de la Ville sera repris, dans le cadre de notre partenariat, au Centquatre du 2 au 6 novembre avant de poursuivre sa tournée.
Il est d’ailleurs à noter que ce spectacle a été présenté sans troubles en Allemagne, en Belgique, en Norvège, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Russie, aux Pays-Bas, en Grèce, en Suisse, en
Pologne et en Italie, et que c’est en France qu’ont lieu ces manifestations d’intolérance.
Nous avons donc créé, dès le début, un comité de soutien s’adressant à toutes les personnes de bonne volonté, pour défendre au-delà même du spectacle de Romeo Castellucci, la liberté
d’expression, la liberté des artistes et la liberté de pensée."
Emmanuel Demarcy-Mota, directeur, et l’équipe du Théâtre de la Ville.
J'ai cru que ça n'arriverait plus. Plus dans mon pays. J'ai signé.
Pour signer, envoie un mail à
comite-de-soutien-castellucci@theatredelaville.com
en indiquant ton NOM, ton Prénom, et ta profession, suivis de la mention "Je signe".
A lire, en plus : Sur le concept du visage de Dieu, le prologue à Avignon.