Entre deux coups d'aspirateur, entre un café et un thé, entre chien et loup, je suis retombé sur de vieilles notes prises au temps de la fac dans les
bouquins conseillés par le prof d'histoire ancienne.
Et celle-là me fait toujours le même effet :
Et celle-là me fait toujours le même effet :
"Je suis tout ce que je viens de dire : tornade, guerre, déluge, foudre, famine, peste, séisme qui ébranle et bouleverse tout ce qui était solidement fiché en
terre. Je suis la fatale nécessité, non pas son symbole nominal, mais sa puissance visible, debout à vos côtés."
Philon d'Alexandrie, De Somniis
Ca me rappelle le pseudo que j'utilisais à l'époque sur le net, et qui me sert encore quelques fois. Bia, Até et Deimos.
Bia, allégorie grecque de la Violence, est un personnage funeste qui accompagnait Arès sur les champs de bataille. Até, allégorie grecque de la Folie
Aveugle, plaçait ses mains sur les yeux et le coeur des amants trop passionnés prêts à s'entretuer. Et Deimos, allégorie grecque (toujours) de la Terreur inspirée, se contentait de
souffler dans le cou des plus courageux pour les figer sur place. Alors là, forcément, tu te dis que je devais être un sataniste au dernier degré, qui s'habillait en noir et ne manger que des
tranches de rat cru en regardant, fasciné, la fin du monde arriver. Mais pas du tout ! S'il y a à y voir une certaine forme de colère contenue, une envie de tout envoyer paître, c'est simplement
que les événements étaient insatisfaisants. Que ce qui pouvait arriver à ou autour de moi ne rentrait pas dans mes espérances. Un coeur peut-être trop pur, trop propre, pas encore blasé ou dont
les rêves, utopies et chimères résistaient trop bien aux épreuves de la vie (et bla, et bla, et bla ...) et qui, de ce fait, s'emportait en silence contre tout ce qui ne va pas dans ce monde.
Ahhh, les coeurs simples ...
La Violence comme recours par la force, parce qu'on n'a pas les moyens, à cet âge là, de s'exprimer avec justesse. Parce qu'on a conscience, aussi, que le discours n'est jamais l'idée. Que les mots ne disent jamais parfaitement ce que l'on ressent. Comme lorsqu'on dit "je t'aime". On en dit beaucoup, mais on ne fait pas dans les nuances. Bia, donc, comme les anarchistes révolutionnaires. Comme l'émanation du brutal qui réside encore en nous, nous qui descendons du singe.
La Folie aveugle, parce qu'il faut ne pas voir le monde dans lequel on vit pour être utopiste. Pour ne pas succomber à la schizophrénie où la collectivité plonge l'individu. Parce que la simplicitéd'un raisonnement brut n'admet aucune concession, aucune nuance apportée par les événements extérieurs à sa réalisation. Il s'agit de frapper fort, juste, et sans y réfléchir davantage. Si le projet est mûrement pensé, il n'a pas à être repensé. D'où un certain stakhanovisme, qui n'est pas très éloigné d'une folie ... aveugle. L'expérience apprend que, en vrai, les projets doivent souvent être repensés, parce qu'on a oublié un élément important : "soi" n'est pas l'horizon ultime.
La Terreur inspirée, parce qu'il faut être crédible. Et que pour être crédible, il faut maîtriser son sujet. Et que pour maîtriser son sujet, il ne faut pas hésiter à toucher à tous les degrés de la connaissance et de l'appréhension humaine : la logique, la précision, l'opinion, la sensibilité et la subjectivité. Et que tout ça, mis ensemble dans un seul raisonnement, ça fout les jetons. Un peu comme Sarko au débat télévisé entre les deux tours. Brrrr.
Bref, Bia, Até et Deimos étaient mes compagnons d'armes dans la lutte sans merci qu'étaient les années fac d'un cerveau plein d'espoirs. Depuis, il a bien fallu se rendre à l'évidence : je ne me bats plus que pour sauver les apparences.
Snif ! :)
La Violence comme recours par la force, parce qu'on n'a pas les moyens, à cet âge là, de s'exprimer avec justesse. Parce qu'on a conscience, aussi, que le discours n'est jamais l'idée. Que les mots ne disent jamais parfaitement ce que l'on ressent. Comme lorsqu'on dit "je t'aime". On en dit beaucoup, mais on ne fait pas dans les nuances. Bia, donc, comme les anarchistes révolutionnaires. Comme l'émanation du brutal qui réside encore en nous, nous qui descendons du singe.
La Folie aveugle, parce qu'il faut ne pas voir le monde dans lequel on vit pour être utopiste. Pour ne pas succomber à la schizophrénie où la collectivité plonge l'individu. Parce que la simplicitéd'un raisonnement brut n'admet aucune concession, aucune nuance apportée par les événements extérieurs à sa réalisation. Il s'agit de frapper fort, juste, et sans y réfléchir davantage. Si le projet est mûrement pensé, il n'a pas à être repensé. D'où un certain stakhanovisme, qui n'est pas très éloigné d'une folie ... aveugle. L'expérience apprend que, en vrai, les projets doivent souvent être repensés, parce qu'on a oublié un élément important : "soi" n'est pas l'horizon ultime.
La Terreur inspirée, parce qu'il faut être crédible. Et que pour être crédible, il faut maîtriser son sujet. Et que pour maîtriser son sujet, il ne faut pas hésiter à toucher à tous les degrés de la connaissance et de l'appréhension humaine : la logique, la précision, l'opinion, la sensibilité et la subjectivité. Et que tout ça, mis ensemble dans un seul raisonnement, ça fout les jetons. Un peu comme Sarko au débat télévisé entre les deux tours. Brrrr.
Bref, Bia, Até et Deimos étaient mes compagnons d'armes dans la lutte sans merci qu'étaient les années fac d'un cerveau plein d'espoirs. Depuis, il a bien fallu se rendre à l'évidence : je ne me bats plus que pour sauver les apparences.
Snif ! :)