Rattrapé au en vol.
Donner confiance est un don. En quelques mots, en quelques gestes, amener l'interlocuteur à se sentir dans une zone de confort, mais aussi en partie maître de son destin immédiat. Libre de relâcher un peu l'attention, ouvert à la confidence. En dix minutes, donner de soi pour obtenir des autres. Les rendre vulnérables.
C'est la réflexion qui vient quand je contemple l'histoire de Kate, spécialiste de la libération d'otages à la frontière mexicano-américaine, qui s'engage au sein d'une unité spéciale dont l'objectif est d'étêter un des plus gros cartels de Ciudad Juarez, responsable d'un décimage partiel de l'équipe de Kate. Tu me suis ?
Le truc, c'est qu'à partir du moment où tu t'en prends à la pègre, tu changes de règles. Et donc de philosophie. Et c'est pas facile-facile.
Au contact d'Alejandro, un des membre de sa nouvelle équipe, Kate tient bon : ses règles, sa politique. Evidemment, ça ne dure qu'un temps : elle se plie à celles du rompu aux cartels, et apprend à son corps défendant les pratiques plus ou moins couvertes par les autorités. Loi du talion oblige.
Bon, soyons honnêtes : le véritable intérêt de ce film, outre l'ambiance intense et épaisse qu'il tisse, ne réside pas dans l'interprétation - crédible - mais dans la photo. Le Canadien Patrice Vermette, directeur artistique du film, y fait des merveilles - digne d'un Mendès, moins dans la couleur que dans la captation des lumières et de la poussière du désert, qui confèrent au film son atmosphère enivrante et sèche. Faut dire que le garçon s'est déjà illustré dans C.R.A.Z.Y. et Victoria, les jeunes années d'une reine, pour lesquels il fut nommé aux Oscars.
Les intérêts pour le film sont donc variés... A toi de voir.