*Malaise*
Je sais. Un titre pareil, c'est presque une déclaration de guerre. Un attentat au bon goût. Un crime de lèse-cinéma. Comment cette demi-portion blafarde aux rôles mièvres et aux expressions limitées justes bonnes à faire couiner les minet(te)s pourrait sortir de son tombereau de damnation filmique pour entrer dans le temple de la respectabilité sur grand écran ? (et donc, par la même occasion, potentiellement entrer dans ton panthéon...)
A l'idée de défendre ce gamin dont le regard vitreux et la moue nigaude m'indiffèrent, je me demande si j'ai bien toute ma tête. mais à l'heure où la sélection cannoise est tombée, une petite phrase m'est revenue, l'air de rien, pour me mettre en garde : Il ne faut préjuger de rien. J'en suis venu à la conclusion que Robert Pattinson n'avait pas encore rencontré son Steven Spielberg.
Hein ?
Souviens-toi. Qu'était Leonardo DiCaprio avant de rencontrer Spielberg ? L'ado miévro-relou de Romeo + Juliet et de Titanic. Le pas-crédible de Simples secrets et de L'homme au masque de fer. La honte de La plage. Et puis 2002 : Attrape-moi si tu peux, de Steven Spielberg. Un film où son expressivité, sa finesse, son physique et sa gestuelle prennent toute leur mesure. Un scénario simple mais accrocheur servi par un réalisateur touche-à-tout qui trouve le ton juste. Et depuis, Les infiltrés, Les noces rebelles, Shutter Island, Inception, J. Edgar. Ce n'est plus Leonardoooo, crié d'une voix suraigüe, mais DiCaprio, pensé comme un acteur d'envergure. Mais qui aurait parié dessus au moment de Basketball Diaries ?
Et si Robert beuarrg Pattinson prenait, doucement mais sûrement, le même chemin ? Et si, après un Harry Potter drôle et cinq Twilight - difficile de parler de talent, jusque là ... -, et si après un navrant Remember me, un improbable Little ashes et un dispensable De l'eau pour les éléphants, et si après tout ça, Cronenberg était son Spielberg ? Et si Cosmopolis (sélectionné à Cannes) révélait un Robert Pattinson brillant ? (et je ne parle pas de sa fluorescence touaïlaïtienne)
Tu verras : dans dix ans, Pattinson - que l'on n'appellera plus Robeeeeert - d'autant qu'on ne le fait pas, c'est dire - aura autant de légitimité que DiCaprio. Avec 12 ans de moins.
Non, je déconne. Avant Romeo + Juliet (1996), Dicaprio avait déjà fait deux prestations incroyables dans des films pas terribles : Gilbert Grape (1993, nommé aux Oscars) et Rimbaud/Verlaine (1995). Pattinson ne sera jamais à la hauteur.
Ou alors ...