Aujourd'hui, les pochettes sont sombres.
Le noir, ça va avec tout. Je te propose un peu de tout, cette semaine, dans les domaines que j'aime le plus : le rock, le pop-rock et l'électro. Faut dire que la période, sans renouveler vraiment les genres (est-ce seulement possible ?) offre des artistes venus de partout qui ne font pas de la musique mais qui l'explorent. Leur travail est souvent très construit, très ambitieux, et c'est quand même vachement mieux que la soupe qui nous vient d'Amérique. Ainsi, des Français et des Norvégiens, parce qu'on sait y faire, mine de rien, sur le vieux continent.
# Chapelier Fou - Invisible
Le Français - un autre fabuleux produit de la glorieuse année 1984 - avait déjà tout chamboulé mon coeur avec 613, son précédent album, et la merveille des merveilles Les métamorphoses du vide qu'il contient (et qui n'a pas quitté mon iPod depuis 2010). Il revient avec Invisible, que j'ai acheté les nyeux fermés, parce que le talent brut, on lui confiance. Ai-je eu raison ?
Ne panique pas à l'écoute de Shunde's Bronx : il ne fait pas vraiment dans la musique expérimentale, c'est juste un petit goût. D'ailleurs, très vite, on tombe dans une composition sonore plus élaborée. Rassuré(e) ? Avec Cyclope & Othello, Warynski prouve qu'il sait raconter des histoires en faisant varier les hauteurs de tons sur une même base mélodique, jouant ainsi sur les ambiances et les sentiments dans un électro que l'on écoute soudain avec une attention un peu déconnectée du plaisir brut. Fritz Lang, frissonnante, profonde dans ses violons, légère dans ses tintements, te parle d'attente, d'espoir, d'amour aussi : une splendeur ! L'eau qui dort commence avec quelques cordes pincées, déliées et délicates comme l'eau qui perle, frottant à l'aide de quelques scratches, puis viennent les cordes, qui enflent peu à peu, réveillant cette eau et l'animant de mouvements amples et poétiques. Superbe ! Et Protest ! Idéal dans le métro !
Bref. Chapelier Fou, le type qui parvient à éteindre ton cerveau tant sa musique devient ta pensée.
# Rover - Rover
Les Norvégiens s'étaient illustrés l'an dernier avec leur debut album The Illumination, ils reviennent cette année avec un album d'une grande richesse sonore, particulièrement évocateur et onirique (merci les claviers !), très cinématographique. Entre rock seventies, pop-rock 2000's et électro suave, Rover signe un Rover plutôt abouti. Aqualast, balade nostalgique, ouvre l'album tout en douceur, mais pose déjà les bases de l'ambiance du cédé. Remember, qui la suit, est bien plus électro et rythmée, mais plus dans la lignée de Air que d'un Keane pop-rock. Juste derrière, Tonight, électro-rock, entre Kiss et Bowie, mais pas loin de Sébastien Tellier : un truc vraiment bon ! Et ce Wedding Bells, qui devrait être joyeux mais qui sonne funèbre comme jamais ! Lou, nostalgique (qui pourrait rappeler par moments les balades folk américaines ou du Gainsbourg - genre Je suis venu te dire) et douceâtre, précède une autre balade, Silver, plus 'complainte à la lune' : les deux font la paire. Father I can't explain, la bonus track qui termine l'album, petit dialogue père-fils sur fond de guitare languissante (genre balade rock de Memphis),a ccroche bien l'oreille ... et quand le son s'arrête, il donne envie d'appuyer sur replay.
Rover, l'album à écouter le soir au coin du feu, entre nostalgie et sérénité.
# Shaka Ponk - The Geeks and the Jerkin' Socks
Dans la lignée des Offspring (so late 90's)(mais en plus lissé, et avec moins de voix surexposée et de crissements de guitare)(et avec un peu de latino), les petits Français de SHK PNK (et leur singe GOZ) signaient en 2011 ce troisième opus très très rock, un truc qui déménage bien comme il faut. Sans surprise, cet album parle de geeks et de sexe un peu minable (ah, les branlettes adolescentes dans les chaussettes...) : plus qu'une attaque, ce cédé est presque un Let's bang . I'm picky, chanson sur la nerditude sentimentale, se veut pas mal affirmative, comme un hymne rock à la confiance en soi... qui en résoud pas pour autant le problème ! Sex ball mêle rock et disco avec un certain panache, que le refrain (tout frétillant) envoie carrément en l'air. Shiza Radio renvoie complètement aux chansons où le rythme effréné court après des paroles qui filent à toute blinde, sans s'arrêter une seconde (= le truc qui t'épuise, sur scène). Run run run avec ses grands jets de guitare amplifiée, te rend nostalgique, mais sera parfait pour danser en soirée alcoolisée. Palabra Mi Amor clôt le tout avec son côté hard rock qui secoue tes oreilles... avec, en guest, Bertrand Cantat et un peu de langue de Molière.
Shaka Ponk, le groupe que tu préfères voir jouer dans une salle de concert plutôt que dans ton salon.