Tu te souviens de Vérino ?
Il y a quelques jours semaines mois, je t'avais parlé de lui en faisant le bilan du festival de Montreux (en Suisse). Je t'avais dit que je voulais en savoir davantage. En voir davantage. Le voir en vrai, l'écouter en vrai, le ... euh... bon, bref, je voulais qu'il me ... fasse rire en vrai. Je suis allé le voir au théâtre du Temple. Débrief.
# Vérino est tout seul
Son spectacle, c'est un peu sa vie. Pas celles de personnages, non, c'est du vrai stand-up, qu'il fait, le Vérino. Une sorte de petite confession avec pleiiiiin de loooongues digressions. Mais attention, des digressions intéressantes, hein. Genre ? Genre des digressions (j'aime bien ce mot) montrant que le petit Vérino porte sur le monde un regard attentif, qu'il cherche à comprendre, ici et là, dans des petits riens, la logique de ce qui nous entoure. Du quotidien exploré et corrigé, quoi. Par exemple, pourquoi tombe-t-on toujours sur la notice quand on ouvre la boîte de médicaments ? En quoi la Fnac catalyse-t-elle la loi de Murphy ? Comment se débarrasser de son collègue-qui-a-la-poisse ? Et on rigole ... Qu'est-ce qu'on rigole !! J'en fais trop ? Je te le prouve, avec un de mes préférés : le radar à Zara.
# Vérino est épuisant
Ce qui te marque particulièrement avec le presque-trentenaire, c'est l'énergie qu'il dégage. C'est à dire que la scène du Temple, toute petite, nous met le comédien sous le nez, et il court, et il mime, et il danse, et il fait des grands gestes, change d'expression, de voix, d'attitude ... L'heure de spectacle file en un instant, parce que du début à la fin, Vérino fait avancer son discours tambour battant, tient son auditeur en haleine, ne laissant que peu de temps de latence ... et encore, ce sont des effets comiques. Si, par moments, on a le sentiment d'un chien fou énervé, c'est bien le seul ridicule petit défaut qu'on peut donner à son spectacle. Sans décor, sans accessoires (ou presque), juste avec ses mots, sa diction et son corps, Vérino dresse un grand nombre de situations, le public en redemande.
# Vérino est drôle
Ca, tu me diras, ce n'est pas automatique. C'est subjectif. Ca dépend de plein de trucs. De ton mood, de son à-propos, du physique, de ta libido, de Fukushima : c'est vrai. Je ne peux pas te garantir que tu riras comme une baleine, non, mais je peux quand même dire que m'sieur Vérino a l'esprit acéré, la vanne cinglante, la répartie bien trouvée (celle que tu rêves d'avoir mais que tu ne trouves qu'après), l'imagination fertile et l'oeil vif (et le poil soyeux, apparemment). Des concepts aussi fabuleux que le détecteur de Zara, la possibilité de snoozer les gens, la notice vivante ou la déclinaison de to fnac (fnooc, fnooc), c'est diablement bien vu, et c'est bien agréable, de voir notre petit monde autrement que dans la singerie des défauts de nos compatriotes.
# Vérino est sur scène
Jusqu'au 30 mars 2012, il squatte la scène du Théâtre du Temple à Paris, mais après, il tourne (et pourtant, il tourne !). Vérino, c'est un peu mon humoriste fétiche-du-moment. Y'a pas de raison qu'il te déplaise.
Si tu y vas, dis-lui que c'est moi qui t'en ai parlé. Je lui dois un cocktail, autant que ce soit à lui de m'en devoir un. 'rci !