Tu connais Pétrarque ?
L'auteur italien (1304-1374) était alors passionément, tendrement, entièrement épris de la jolie Laure. Un exemple qui mérite d'être lu ? Voici le sonnet XC, petit chef d'oeuvre de l'amour inaccessible, de l'amour qui obsède, qui rend tellement heureux que c'en est douloureux. "Parce qu'on a tous vécu quelque chose comme ça" (mais qu'on n'a pas forcément les mots pour le dire).
La
paix me fuit, pourtant
je ne fais point la
guerre ;
Et je brûle et je
glace, et j'espère et
je crains,
J'embrasse l'univers et je ne retiens rien ;
Je vole dans les
cieux et je rampe
sur terre.
Telle en prison m'a
mis qui ne m'ouvre
ni serre ;
Qui ne veut pas
de moi, ni rompre
mon lien ;
L'Amour ne m'occit point, et ne guérit mon sein ;
Vivant il ne me
veut, ni me veut
satisfaire.
Je vois sans regarder,
sans parler on m'entend
;
Et je voudrais mourir,
puis au secours je
crie ;
Et je me hais
moi-même, alors que j'aime tant.
J'ai le même mépris
pour la mort, pour
la vie ;
La douleur est mon
pain, tout en pleurant
je ris :
Madame, c'est par vous
qu'en cet état je
vis.